Motion de censure sur l'Afghanistan et l'OTAN : discours
Voici les extraits qui m'ont paru significatifs des discours prononcés aujourd'hui par les principaux orateurs à l'Assemblée Nationale, lors du débat qui a porté sur la motion de censure. Celle-ci avait été déposée par la gauche sur un double sujet : le renforcement de troupes en Afghanistan, et le rapprochement annoncé de la France dans l'OTAN. Elle a obtenu 227 voix, quand la majorité requise était de 288.
Le discours du premier ministre étant plus long, les extraits en sont légèrement plus nombreux : qu'on n'y voit pas plus que le reflet numérique de mots plus abondants !
A propos de l'Afghanistan :
M. Hollande :
"c’est dans ce contexte que le Chef de l’Etat accepte, sous la pression américaine, de renoncer à une promesse de campagne -n’annonçait-il pas entre les deux tours que la présence à long terme des troupes françaises à cet endroit du monde ne semble pas décisive !- puis d’envoyer un renfort militaire dont on ne sait d’ailleurs ni l’ampleur -vous avez dit, Monsieur le Premier ministre, quelques centaines, votre Ministre un millier, le Président un bataillon- ni la localisation –à Kaboul ou plus à l’Est- pas davantage la mission –même si pour la première fois est admis le contact direct. Pas plus que la durée –on parle, à l’OTAN, d’un calendrier de 5 ans !"
"Or, cette politique a échoué. Elle crée plus de terrorisme qu’elle n’en détruit. Et elle exige de rajouter toujours davantage de troupes, au prétexte que nous n’avons pas « le droit de perdre la guerre » face au terrorisme.
C’est donc le double risque de l’enlisement et de l’engrenage qu’il faut prévenir aujourd’hui."
M. Fillon :
Le 26 février dernier, le président de la République a écrit à ses homologues de l’OTAN pour indiquer nos conditions :
L’adoption d’une stratégie politique partagée ;
La confirmation par les alliés de leur détermination à maintenir leur effort dans la durée ;
La coordination accrue des efforts civils et militaires sur le terrain ;
L’accroissement de l’effort de formation des forces de sécurité afghane afin de permettre une véritable "afghanisation" de la sécurité du pays, c’est à dire la prise en charge par les Afghans de leur propre sécurité, qui dessine
A propos de l'Alliance atlantique :
M. Hollande :
On nous dit que ce serait en échange de l’acceptation d’un pilier européen au sein de l’OTAN, sans qu’aucune preuve ne nous soit apportée, sauf quelques mots dans un communiqué.
Cette décision est à la fois fâcheuse et inopportune.
"Car, si notre pays renonçait ainsi à son autonomie de jugement au sein de l’Alliance, c’est l’ensemble de l’Europe qui se trouvera en situation d’alignement sur les Etats-Unis."
"En d’autres termes, il y aura bien une défense de l’Europe, mais pas une Europe autonome de la défense. Ce retour vers l’OTAN est non seulement contraire à nos intérêts et il est aussi contradictoire avec la stabilité du monde. Car, la décision du Président de la République intervient au moment où l’OTAN change d’identité. C’est en ce sens qu’elle est inopportune. "
"L’OTAN devient le bras armé d’un bloc occidental dont la mission principale est de défendre partout ses valeurs. Une sorte de substitut à l’ONU permettant aux Etats-Unis de ne pas agir seuls. Cette dérive avait été, jusque-là, rejetée par la France hostile à l’idée d’un gendarme d’un monde occidental bien pensant . Elle est aujourd’hui acceptée par le Chef de l’Etat "
Et le risque, c’est que nous perdions sur tous les tableaux. La France en sortira minorée, l’Europe empêchée, l’Alliance Atlantique empêtrée .
M. FIllon : "L’opposition nous accuse "d’atlantisme", façon aimable de nous présenter à la solde de George Bush. Chacun l’aura compris, il s’agit pour eux de surfer sur l’un de nos travers les plus discutables - je veux parler de l’anti-américanisme primaire"
"Le président de la République ne s’y résigne pas. C’est la raison pour laquelle il s’est efforcer des créer les conditions d’un partenariat plus étroit avec le Royaume Uni, et pour laquelle il a présenté, à Bucarest, un pari sur l’avenir : la France pourrait rénover sa relation avec l’OTAN dès lors et sous réserve que l’Europe de la défense avance sérieusement"
"Pour la France, l’OTAN doit être un instrument du droit international et non pas l’outil d’un interventionnisme unilatéral.
Pour la France, une OTAN rénovée est compatible avec une Europe de la défense renforcée. A Bucarest, sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, l’OTAN et les Etats-Unis ont admis, pour la première fois, l’apport que représenterait une Europe de la défense plus forte et plus performante.
La France milite pour une OTAN plus souple, plus flexible, dont les moyens militaires puissent être mobilisés par l’Union européenne.
La France, dans cet esprit, contribue à la rédaction d’un concept stratégique qui sera débattu lors du prochain sommet de l’OTAN, organisé conjointement par la France et l’Allemagne en 2009 à Strasbourg et à Kehl.
La France insiste enfin - comme elle l’a fait avec force à Bucarest en pleine harmonie avec son partenaire allemand - sur la nécessité de respecter la Russie".
"La France est prête à se rapprocher de l’OTAN, mais, pour cela, l’Europe de la défense doit réellement avancer. Que souhaitons-nous ?
D’abord, accroître les moyens militaires des européens, et ceci passe par un effort financier qui doit être équitablement assumé par tous. Sans moyens, pas de défense !
Deuxièmement, doter l’Union européenne d’une capacité de planification et de conduite des opérations militaires et civiles.
Troisièmement, rapprocher les industries d’armement européennes en accentuant les efforts de l’Agence européenne de l’armement.
Quatrièmement, donner une perspective à la politique spatiale de défense.
Et cinquièmement, compléter la stratégie européenne de décembre 2003, l’ensemble de ces progrès conduisant à une réelle autonomie ; ses initiatives ne devant pas être subordonnées à un accord préalable de l’OTAN que ce soit".
le discours de François Hollande, dirigeant le Parti Socialiste : http://discours.parti-socialiste.fr/2008/04/08/intervention-de-francois-hollande-motion-de-censure-mardi-8-avril-2008/
le discours de François Fillon, premier ministre :
1ère partie : http://www.premier-ministre.gouv.fr/acteurs/interventions_premier_ministre_9/allocutions_parlement_496/intervention_premier_ministre_relative_59669.html
2ème partie : http://www.premier-ministre.gouv.fr/acteurs/interventions_premier_ministre_9/allocutions_parlement_496/intervention_premier_ministre_relative_59671.html
Le discours du premier ministre étant plus long, les extraits en sont légèrement plus nombreux : qu'on n'y voit pas plus que le reflet numérique de mots plus abondants !
A propos de l'Afghanistan :
M. Hollande :
"c’est dans ce contexte que le Chef de l’Etat accepte, sous la pression américaine, de renoncer à une promesse de campagne -n’annonçait-il pas entre les deux tours que la présence à long terme des troupes françaises à cet endroit du monde ne semble pas décisive !- puis d’envoyer un renfort militaire dont on ne sait d’ailleurs ni l’ampleur -vous avez dit, Monsieur le Premier ministre, quelques centaines, votre Ministre un millier, le Président un bataillon- ni la localisation –à Kaboul ou plus à l’Est- pas davantage la mission –même si pour la première fois est admis le contact direct. Pas plus que la durée –on parle, à l’OTAN, d’un calendrier de 5 ans !"
"Or, cette politique a échoué. Elle crée plus de terrorisme qu’elle n’en détruit. Et elle exige de rajouter toujours davantage de troupes, au prétexte que nous n’avons pas « le droit de perdre la guerre » face au terrorisme.
C’est donc le double risque de l’enlisement et de l’engrenage qu’il faut prévenir aujourd’hui."
M. Fillon :
Le 26 février dernier, le président de la République a écrit à ses homologues de l’OTAN pour indiquer nos conditions :
L’adoption d’une stratégie politique partagée ;
La confirmation par les alliés de leur détermination à maintenir leur effort dans la durée ;
La coordination accrue des efforts civils et militaires sur le terrain ;
L’accroissement de l’effort de formation des forces de sécurité afghane afin de permettre une véritable "afghanisation" de la sécurité du pays, c’est à dire la prise en charge par les Afghans de leur propre sécurité, qui dessine
A propos de l'Alliance atlantique :
M. Hollande :
On nous dit que ce serait en échange de l’acceptation d’un pilier européen au sein de l’OTAN, sans qu’aucune preuve ne nous soit apportée, sauf quelques mots dans un communiqué.
Cette décision est à la fois fâcheuse et inopportune.
"Car, si notre pays renonçait ainsi à son autonomie de jugement au sein de l’Alliance, c’est l’ensemble de l’Europe qui se trouvera en situation d’alignement sur les Etats-Unis."
"En d’autres termes, il y aura bien une défense de l’Europe, mais pas une Europe autonome de la défense. Ce retour vers l’OTAN est non seulement contraire à nos intérêts et il est aussi contradictoire avec la stabilité du monde. Car, la décision du Président de la République intervient au moment où l’OTAN change d’identité. C’est en ce sens qu’elle est inopportune. "
"L’OTAN devient le bras armé d’un bloc occidental dont la mission principale est de défendre partout ses valeurs. Une sorte de substitut à l’ONU permettant aux Etats-Unis de ne pas agir seuls. Cette dérive avait été, jusque-là, rejetée par la France hostile à l’idée d’un gendarme d’un monde occidental bien pensant . Elle est aujourd’hui acceptée par le Chef de l’Etat "
Et le risque, c’est que nous perdions sur tous les tableaux. La France en sortira minorée, l’Europe empêchée, l’Alliance Atlantique empêtrée .
M. FIllon : "L’opposition nous accuse "d’atlantisme", façon aimable de nous présenter à la solde de George Bush. Chacun l’aura compris, il s’agit pour eux de surfer sur l’un de nos travers les plus discutables - je veux parler de l’anti-américanisme primaire"
"Le président de la République ne s’y résigne pas. C’est la raison pour laquelle il s’est efforcer des créer les conditions d’un partenariat plus étroit avec le Royaume Uni, et pour laquelle il a présenté, à Bucarest, un pari sur l’avenir : la France pourrait rénover sa relation avec l’OTAN dès lors et sous réserve que l’Europe de la défense avance sérieusement"
"Pour la France, l’OTAN doit être un instrument du droit international et non pas l’outil d’un interventionnisme unilatéral.
Pour la France, une OTAN rénovée est compatible avec une Europe de la défense renforcée. A Bucarest, sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, l’OTAN et les Etats-Unis ont admis, pour la première fois, l’apport que représenterait une Europe de la défense plus forte et plus performante.
La France milite pour une OTAN plus souple, plus flexible, dont les moyens militaires puissent être mobilisés par l’Union européenne.
La France, dans cet esprit, contribue à la rédaction d’un concept stratégique qui sera débattu lors du prochain sommet de l’OTAN, organisé conjointement par la France et l’Allemagne en 2009 à Strasbourg et à Kehl.
La France insiste enfin - comme elle l’a fait avec force à Bucarest en pleine harmonie avec son partenaire allemand - sur la nécessité de respecter la Russie".
"La France est prête à se rapprocher de l’OTAN, mais, pour cela, l’Europe de la défense doit réellement avancer. Que souhaitons-nous ?
D’abord, accroître les moyens militaires des européens, et ceci passe par un effort financier qui doit être équitablement assumé par tous. Sans moyens, pas de défense !
Deuxièmement, doter l’Union européenne d’une capacité de planification et de conduite des opérations militaires et civiles.
Troisièmement, rapprocher les industries d’armement européennes en accentuant les efforts de l’Agence européenne de l’armement.
Quatrièmement, donner une perspective à la politique spatiale de défense.
Et cinquièmement, compléter la stratégie européenne de décembre 2003, l’ensemble de ces progrès conduisant à une réelle autonomie ; ses initiatives ne devant pas être subordonnées à un accord préalable de l’OTAN que ce soit".
le discours de François Hollande, dirigeant le Parti Socialiste : http://discours.parti-socialiste.fr/2008/04/08/intervention-de-francois-hollande-motion-de-censure-mardi-8-avril-2008/
le discours de François Fillon, premier ministre :
1ère partie : http://www.premier-ministre.gouv.fr/acteurs/interventions_premier_ministre_9/allocutions_parlement_496/intervention_premier_ministre_relative_59669.html
2ème partie : http://www.premier-ministre.gouv.fr/acteurs/interventions_premier_ministre_9/allocutions_parlement_496/intervention_premier_ministre_relative_59671.html