Bucarest : renforts afghans

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Si on fait le point, les alliés ont promis à Bucarest d'envoyer 1800 soldats supplémentaires en Afghanistan, dont 700 Français.
La Géorgie offre d’envoyer 500 soldats, la Pologne propose de fournir huit hélicoptères et 400 soldats. La République tchèque offre 120 soldats des forces spéciales, l’Azerbaïdjan 45 soldats et la Nouvelle-Zélande 18 soldats. L’Italie, la Roumanie et la Grèce enverront des équipes pour former l’armée afghane.
Enfin, le chef de l'armée allemande a déclaré mi avril vouloir plus de soldats allemands en Afghanistan, mais dans le nord du pays. C'est une vraie évolution parrapport au blocage de Mme Merkel ces derniers mois. Il n'est bien spur pas question de les envoyer dans le sud (ligne rouge) mais l'augmentation dans le nord permettrait peut-être de dégager des réserves, ou d'avoir une réserve tactique dans le pays, qui fait aujourd'hui cruellement défaut. On suivra le débat allemand, et l'emploi futur de ces troupes.
Ce chifffe n'est pas aussi élevé que le désiraient les chefs militaires, mais c'est plus que ce qu'on pouvait craindre. Au fond, ça ne changera pas fondamentalement la situation militaire, qui ne s'améliorera qu'à deux conditions : le maintien du 'surge' américain (les 3000 soldats envoyés ne le sont officiellement que pour quelques mois, le nouveau président américain devra arbitrer leur maintien cet hiver) et la montée en puissance de l'ANA.

Une autre initiative a été mise en place, sur proposition britannique : l'ouverture d'un "fonds fiduciaire" (trust fund) pour l'acquisition et la location d'hélicoptères. Huit pays auraient déjà marqué leur accord, et on parle d'obtenir dix-huit hélicoptères, voire des avions-cargos.
Ce contrat vient en complément de la sous-traitance déjà engagée par l'OTAN pour la location du transport de 13 T de fret quotidien depuis février 2008.
Ces procédés ne sont pas innocents.
La procédure de fonds fiduciaire a été mise en place par l'OTAN au moment de la NTM-I en Irak. Il s'agissait pour les alliés de contrôler les fonds alloués à l'équipement de l'armée afghane. Toutes les autorités civiles et militaires de l'alliance s'élevaient régulièrement contre ce système : en effet, les nations gardaient le contrôle de leurs promesses, et ne déclaraient les fonds que quand bon leur semblait. Pour les otaniens, il y avait une difficulté de prévision d'emploi de ces fonds. Il reste que ça a fonctionné et que la NTM-I n'a jamais manqué d'argent pour fonctionner. Du coup, et même si ça déplait aux militaires qui ne rêvent bien sûr que d'internaliser de telles ressources, les nations choisissent au contraire de relancer cette procédure des fonds fiduciaires qui permet de garder le contrôle politique des opérations, et d'être très rapidement réversibles.
Car c'est là le principal avantage : en ne s'engageant pas directement mais en externalisant la fourniture des moyens (au lieu de moyens militaires nationaux), les nations gardent une liberté d'action qu'elles n'avaient pas auparavant.
En clair, à l'OTAN, tout le monde est devenu gaulliste. C'est pourquoi les litanies archéo-gaullistes de certain  le mois dernier montrent qu'ils ne suivent pas ce qui se passe dans l'Alliance.
Enfin, à supposer qu'on achète des hélicoptères, on augmente les moyens propres de l'OTAN qui sont, faut-il le rappeler, extrêmement limités (la seule froce AWACS, pour faire simple, puisque les C 17 ne sont pas encore dans un NATO body). Et là, les otaniens sont contents....

Publié dans OTAN

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A
Je trouve qu'en temps de vaches maigres (utilisation des ressources américaines et européennes sur plusieurs théâtres d'opérations), le fonds fiduciaire représente une solution intéressante (pratique qui commence à se généraliser d'ailleurs, surtout pour les transports). Cependant, cela ouvre la porte à une privatisation des moyens armés, à l'image des contrats du pentagone en Irak, qui pourrait banaliser les guerres, en diminuant la perception de l'engagement réel d'un pays (le réduisant à un engagement financier, alors que les pertes sur le terrain sont bien réelles, dans les deux camps).
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<br /> Oui, c'est effectivement l'enjeu.<br /> Les otaniens n'ont pas forcément tort quand ils disent vouloir garder la maîtrise des troupes et à défaut des fonds. Le système fiduciaire introduit une réversibilité très pratique, et<br /> effectivement il permet aussi d'avancer masqué. Cela s'inscrit dans une tendance à la virtualisation de la réalité qui est dans l'air du temps.<br /> D'où notre rôle collectif : dire ce qu'il y a derrière cette virtualité.<br /> <br /> <br />