Israël - Syrie, suite
J'en retiens trois choses :
1/ Les discussions syro-israéliennes ne sont pas seulement un moyen de sauver Olmert, puisque le travailliste Barak les soutient. Il s'agit donc de qq chose de plus profond qu'on ne l'a dit.
2/ Une excellente analyse de la politique russe :
Mais les Russes disent d'autres choses [que la réalité de la menace nucléaire iranienne] aussi : ils ont d'autres priorités. Ils veulent voir l'Amérique revenir à, je cite, ses "dimensions naturelles" qui prendraient en compte les résultats de leurs propres erreurs en Afghanistan et en Irak. Les Russes retirent de cela non seulement de la satisfaction au plan émotionnel, mais des bénéfices stratégiques. A tel point, et je pense que c'est délibéré, qu'ils placent le dossier de l'Iran à un plan inférieur, sur l'échelle des priorités. J'ai dit plusieurs fois aux Américains : vous avez besoin d'eux, le monde libre ne peut gagner dans des délais raisonnables sans avoir cette coopération avec les Russes et les Chinois. Cela a un prix. Il faut le dire à l'opinion, aller contre les stéréotypes. Vous ne pouvez vous attendre à ce que les Russes coopèrent étroitement avec vous si vous insistez sur des questions comme la Tchétchénie. La même chose pourrait être dite des endroits qui ont été choisis pour déployer d'autres systèmes (allusion aux sites du bouclier antimissile américain prévus en Pologne et en République tchèque), mais je ne veux pas m'étendre là-dessus.
Il y a chez Barak un réalisme qui l'amène à croire que les Américains doivent (vont) évoluer vers moins d'idéologie. Ce qu'il dit plus loin :
Je pense qu'à un moment donné, l'administration américaine s'y joindra. Les Etats-Unis sont au début d'une période de changement d'administration. Avec le temps, on pourrait assister à une négociation sérieuse pour faciliter le processus (israélo-syrien).
3/ Une analyse des priorités syriennes :
Mais nous avons les yeux ouverts. J'ai négocié dans le passé avec le père (Hafez Al-Assad). Les priorités des Syriens, je les connais bien. Numéro un : la continuité du régime, qui est en fait une famille. Deux : mettre fin au tribunal Hariri (chargé de juger les responsables de l'assassinat du premier ministre libanais Rafic Hariri, en février 2005), car probablement ils ont peur que cela touche la famille ! Trois : un rôle spécial au Liban, pour des raisons historiques, de legs, mais aussi pour le business. Quatre : avoir les faveurs de l'Amérique et du monde libre car, depuis des années, ils regardent toute l'aide, les dizaines de milliards donnés par l'Amérique à l'Egypte. Puis, il y a, en numéro cinq seulement : le Golan (occupé par Israël depuis 1967).
Voilà une lecture passionnante. Par le fond. Mais aussi par ce qu'elle ontre de l'attitude très géopolitique des dirigeants israéliens.
Et cela confirme ce que je sussurais (ici) : les négociations sont plus sérieuses qu'on ne le dit, mais elles prendront du temps.
Olivier Kempf