Israël ne serait plus le 52° Etat américain

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Plusieurs indices laissent entrevoir une évolution majeure, celle de l'affaiblissement de la relation spéciale unissant Israël aux Etats-Unis.

Il y a d'abord eu tous les efforts américains depuis un an pour parvenir à un accord de paix entre Israël et l'autorité palestinienne. Beaucoup se sont gaussés de cet objectif de G. Bush, y voyant une nouvelle forme de duplicité. Pourtant, Condie Rice a dû aller une fois par mois dans la région, sans rien obtenir et malgré ses condamnations à peine voilées de la poursuite de la colonisation. Rien n'y a fait. On a généralement cru que c'était explicable par l'influence déclinante du président, lame duck en fin de mandat (voir l'extrait de l'interview de Barak, évoqué ici), sans remarquer la part de sincéirté de G. Bush.

Ce fut ensuite les négociations offcialisées entre la Syrie et Israël (voir ici). Or, cela allait directement à l'encontre de la volonté américaine de tenir à l'écart Damas. En s'affranchissant de la règle états-unienne, Tel-Aviv marquait une nouvelle fois son indépendance. (cela explique d'ailleurs l'opportunisme français en direction de B. Assad)

C'est aujourd'hui la différence d'appréciation au sujet de l'Iran. Malgré l'habituelle posture va-t-en guerre de D. Cheney, on voit bien que le gouvernement Bush, et notamment Robert Gates, refuse une confrontation avec l'Iran (voir le bon édito de R. Girard). Dans le même temps, c'est Israël qui joue à Max la menace, avec des exercices aériens en mer Egée et l'annonce aujourd'hui d'un avion espion. En clair : "ils ont beau raconter ce qu'ils veulent, nous sommes menacés et nous ferons justice nous-mêmes".

Dans ce dernier cas, il peut s'agir d'une répartition des rôles (Washington le gentil et Tal-Aviv le méchant) comme dans les mauvais polars.

J'ai pourtant l'impression qu'il y a un affaiblissement réel de la relation spéciale entre les deux pays. Et d'un cavalier seul israélien.

Si cela s'avérait, cela aurait deux significations :

- la poursuite de la réduction de l'influence globale américaine. Le XXI° siècle ne sera pas un siècle américain, nous le savons tous. La question était : combien de temps ça mettra ? peut-êtremoins de tempts qu'on le croyait.
- la signification de l'Union Pour la Méditerranée, qui peut être un cadre géopolitique pour de nouveaux rapports régionaux, s'affranchissant de l'ombre américaine. C'est le pari du président Sarkozy (voir ici). Je doute que cela réussisse (souvenez vous de mes réticences à unifier Maghreb et Machrek dans une même approche, voir les articles sur la Méditerranée, et notamment ici). Mais les lignes bougent : alors, pourquoi pas ?

Olivier Kempf
 

Publié dans Proche-Orient

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