QUestions alaouites
On reste surpris par ce qui se passe en Syrie et au Liban.
En Syrie, un troisième attentat cet année (voir ici) pose des questions, puisque pour la première fois on évoque ouvertement la piste islamiste. Est-ce lié aux pourparlers en cours avec Israël ? probablement, mais pas seulement. Car il faut aussi regarder de l’autre côté de la frontière occidentale.
Au Liban, en effet, on avait l’habitude de voir la Syrie s’intéresser à la Békaa, à Beyrouth, voire au sud-Liban. Or, la crise libanaise s’est déplacée depuis quelques mois au nord du pays, du côté de Tripoli : outre les affrontements l’an dernier autour de ce camp de Nar El Bareh (orthographe de mémoire, pardonnez-moi les fautes) où l’on avait appris l’existence d’un groupuscule « islamiste » qui tentait de s’implanter, on remarque depuis quelques mois que l’opposition affecte des acteurs dont on n’avait pas entendu parler : au lieu des habituels ( !) chiites, chrétiens et druzes, les affrontements, attentats, coups de feu et autres coups fourrés touchent (rassemblent ?) cette fois ci sunnites et alaouites.
Bizarre ? pas forcément, si l’on sait que les alaouites sont une forme de chiisme (une minorité de la minorité de l’islam) ; et que les alaouites sont surtout en place en Syrie, puisque le président Assad est, comme son père, alaouite. Et qu’en Syrie, les alaouites sont au pouvoir car ils sont la minorité qui permet l’équilibre syrien (à majorité sunnite), qu’il faut bien constater, même si cette stabilité passe également par des méthodes dictatoriales.
Or, ces derniers mois, on sent bien deux choses :
- à la fois une modification de l’équilibre du pouvoir à Damas (dans un sens qu’il est difficile d’appréhender, tant le régime a le culte du secret) ;
- et la possibilité que les affrontements de Tripoli soient instrumentalisés par Damas pour reprendre au nord du Liban l’influence qu’ils auraient perdue au sud, au profit d’un Hezbollah désormais autonome et en prise directe avec l’Iran.
Il ne s’agit que d’une hypothèse, que je livre à votre sagacité…
Olivier Kempf