Pellistrandi : perspective 2009
C'est comme toujours passionnant. Jérôme, pas de fausse honte, ouvre ton blog....
O. Kempf
Perspectives 2009
À l’automne de cette nouvelle année, l’Europe fêtera le vingtième anniversaire de la chute du Mur de Berlin qui mit fin à la division du « vieux continent » mais qui ne mit pas fin à l’Histoire. Bien au contraire, l’Histoire s’est accélérée avec le retour de la guerre et des nationalismes, y compris sur le continent européen. Certes, les progrès ont été considérables et la construction d’une Europe unie, prospère et en paix en est un exemple qu’il convient de mettre en valeur et de rappeler aux jeunes générations, malgré la crise des Balkans, dont les cicatrices restent encore béantes en 2009, notamment au Kosovo. Mais l’Histoire est un éternel recommencement où les ambitions et les espoirs peuvent se briser sur des crises aux conséquences inconnues et durables.
L’année 2008 n’a pas échappé à cette règle avec l’émergence d’une crise financière puis économique sans précédent depuis des décennies. La question qui se pose, est de savoir si cette dépression économique aura des impacts stratégiques mettant en cause la sécurité et la stabilité des relations internationales. Dans tous les cas, ses répercussions seront profondes et durables au risque de remettre en cause certains principes de l’économie de marché.
Une inconnue majeure a cependant été levée avec l’élection du nouveau président américain Barak Obama. Son arrivée à la Maison-Blanche, à partir du 20 janvier, ouvre une nouvelle ère tant pour les Etats-Unis, que pour le reste du Monde. Certes, il ne faudra pas s’attendre à une rupture profonde. Mais plus que le fond, le changement de forme, après huit ans d’administration républicaine, pourrait contribuer à rétablir une image plus positive de l’hyper puissance aujourd’hui marquée par des échecs multiples tant sur la scène internationale que sur le plan intérieur avec une économie en pleine incertitude et en pleine tourmente. La composition de la future équipe gouvernementale américaine traduit une volonté de compétence et d’expérience, mais aussi réaffirme le principe d’« America first ». De toute façon, une nouvelle page s’ouvre, page qui s’annonce passionnante mais exigeante.
Foyers de crise
Il y a une constante géopolitique bien établie depuis la chute du Mur: l’incertitude stratégique. Chaque année apporte ses nouvelles instabilités. En 2008, aux crises ouvertes, il a fallu rajouter la guerre entre la Georgie et la Russie, dont les conséquences seront encore perceptibles cette année. L’OTAN a d’ailleurs fait preuve de sagesse en ne cédant pas aux sirènes de l’élargissement pourtant demandé par Washington au profit de la Georgie et de l’Ukraine. La question russe restera encore d’actualité avec le besoin d’une clarification des relations entre l’OTAN, l’Union européenne, les Etats-Unis et Moscou. Quelle est l’ambition de la Russie ? Moscou pourrait être ainsi tenté par un rapprochement d’opportunité avec Pékin. La région du Caucase restera une zone conflictuelle car elle correspond à la vision russe de son « pré carré ». Le tournant résolument pro-américain du président géorgien a failli tourner au désastre cet été et les luttes d’influence au sein même du gouvernement de Georgie risquent de se poursuivre.
Il y a un an environ, les organisations maritimes se réjouissaient de la baisse de la piraterie, notamment au large du détroit de Malacca. Or, c’est désormais une réalité majeure dans l’Océan indien et le Golfe d’Aden, mais aussi dans le Golfe de Guinée, autour des plateformes pétrolières off-shore. Les pirates somaliens s’attaquent désormais sans complexe à des navires de taille importante, naviguant sur les routes maritimes essentielles à l’économie mondialisée. Le dispositif naval mis en place récemment par l’Union européenne, va permettre certes de réduire les risques, mais ne résorbera pas totalement la menace, ne serait-ce qu’en l’absence d’une autorité légitime et stable capable de contrôler les côtes de Somalie. L’opération européenne nécessitera de déployer des frégates dans la durée et sans effet médiatique susceptible d’intéresser l’opinion publique européenne. Il y a une réelle ingratitude à mener de telles missions. Pour le moment, cette piraterie semble ressortir d’un schéma classique de banditisme et de prises de rançons, ce qui d’ailleurs a toujours été une activité traditionnelle dans la région de la Corne de l’Afrique avec la contrebande. Il est à craindre cependant une évolution vers une revendication politique islamiste qui, dès lors, sera plus dangereuse et difficile à maîtriser.
La notion de zone grise réservée jusqu’à présent à ces espaces terrestres désormais hors du contrôle d’une autorité étatique reconnue, s’étend désormais en mer, posant d’ailleurs un problème essentiel de droit maritime puisque la liberté de navigation est reconnue en plein océan. Sur quelle base juridique, les navires occidentaux pourraient-ils intercepter une vedette « go fast » avec des pirates mais en l’absence de preuve d’une attaque ? Au XVIII° siècle, les marines britanniques et françaises réglaient ce problème de façon plus expéditive et les pirates –blancs ou barbaresques- savaient à quoi s’en tenir en cas de capture.
L’Afrique ne connaît guère de répit avec le Darfour dont le retour à la normale reste très fragile. L’opération Eufor Tchad, conduite par l’Union européenne est censée s’achever au printemps, mais le besoin de sécurité demeurera et il n’est pas sûr que le transfert à l’ONU ou à l’Organisation de l’Unité Africaine soit la solution. Là encore, l’Union européenne doit inscrire son action dans la durée, tout en évitant un enlisement et une passivité face aux luttes de pouvoir entre les factions tchadiennes. Il en est de même pour l’Est de la République démocratique du Congo où les forces de l’ONU ne semblent guère capables d’enrayer la déstabilisation permanente de cette région centrale de l’Afrique. L’envoi évoqué cet automne d’un « battle group » européen s’est avéré impossible car l’Union européenne n’est pas parvenu à se mettre d’accord sur ce sujet. Cela ne peut que rendre perplexe sur l’utilité de la structure du «battle group ».
La ceinture sahélienne constitue également un foyer de préoccupation avec le développement de groupes islamistes se réclamant d’Al Qaeda et mettant en cause la sécurité des zones occupées par des tribus touaregs.
La question de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire reste toujours posée avec toutefois des progrès constatés dans la normalisation de la situation.
L’Afghanistan est désormais le foyer majeur d’instabilité où l’OTAN joue son avenir mais aussi son existence. L’échec n’est plus à exclure. Certes, l’hiver actuel va calmer temporairement les ardeurs des talibans, mais le printemps leur permettra de relancer leurs attaques contre les troupes de la coalition, dont les pertes en 2008 ont été malheureusement très supérieures aux pertes des années précédentes. Tous les experts militaires insistent sur le fait que la solution n’est pas militaire, mais l’engrenage infernal est en marche. Alors, comment construire un état fiable dans un environnement aussi insécuritaire ? Comment réformer une société encore médiévale qui reste régie par la force et la soumission aux « seigneurs de la guerre » ? Comment éradiquer une corruption endémique et profondément ancrée dans un pays sans Etat ? Comment construire une société de droit et d’égalité entre l’Homme et la Femme ? Ces questions risquent encore de rester sans réponse.
Le Pakistan, pris en tenaille entre les fondamentalistes islamistes, les pressions de Washington et les menaces de représailles de l’Inde, constitue l’autre foyer de crise. Son instabilité chronique et l’ambiguïté du rôle de son armée ne peuvent qu’inquiéter non seulement New Delhi mais toute la communauté internationale. En effet, les attaques islamistes à Bombay en novembre, ont atteint une dimension nouvelle particulièrement inquiétante et qui risquent de se renouveler. Or, le déchaînement de violences reste récurrent dans le sous-continent indien. Islamabad a intérêt à la prudence d’autant plus que l’emploi de l’arme nucléaire n’est pas à exclure.
À l’inverse, la situation en Irak semble se normaliser peu à peu, même si la violence perdure avec des attentats suicides et une forme de partition communautariste de ce pays. Le retrait annoncé d’une partie des troupes américaines devrait faire baisser la tension mais le retour à la normalité va réclamer encore de gros efforts. La nouvelle administration Obama devra par ailleurs clarifier les liens établis entre les entreprises américaines et le secteur pétrolier pour donner plus de crédibilité au gouvernement irakien. 2009 pourrait être le début d’une sortie de crise pour Bagdad.
Nouvelles incertitudes stratégiques
La crise financière, puis économique ne peut que déstabiliser les équilibres fragiles entre les grands espaces économiques. Ainsi, l’effondrement du cours du pétrole, s’il peut paraître une aubaine temporaire pour l’automobiliste occidental, va fragiliser toute l’économie mondiale. Certains pays producteurs comme le Venezuela ou l’Algérie ont impérativement besoin des ressources du pétrole pour éviter des troubles internes déstabilisants. De plus, l’effondrement des cours des bourses mondiales affaiblira les capacités financières des pays du Golfe, gros clients des industries occidentales, dont l’aéronautique et le secteur du luxe.
Il en est de même pour la Chine, dont la stabilité nécessite la prospérité économique. Or, le ralentissement de son économie a désormais un impact majeur pour l’ensemble de la planète avec un effet « domino » imprévisible. L’effet « jeux olympiques » s’est vite dissipé et le raidissement de Pékin autour du Dalaï Lama et du Tibet montre que les enjeux de pouvoir subsistent entre les réalistes et les « faucons ». La nature du projet chinois reste inconnue. S’agit-il d’un projet de type « soft power » ou plutôt d’une volonté de créer un espace « impérial » ? Il sera significatif de suivre de près les évolutions de la politique étrangère du Japon pour comprendre les enjeux en cours en Asie. Il en sera de même pour l’Australie qui s’inquiète des ambitions navales chinoises et qui devrait publier son Livre blanc mettant l’accent sur le besoin de crédibilité de la défense australienne aujourd’hui sous-dimensionnée.
Les élections présidentielles en Iran, en juin, constituent également une source d’inquiétude avec le risque de surenchères politiques internes aux implications extérieures. Les provocations à l’égard de l’Occident mais aussi envers Israël ne sont pas à exclure, de la part d’un régime confronté à une contestation interne croissante. Là encore, la baisse brutale du cours du pétrole n’est pas synonyme de calme et de sécurité. Bien au contraire, il ne faut pas se réjouir d’un baril trop faible, vecteur de déstabilisation.
Les crises sanitaires seront encore malheureusement une réalité cette année. L’épidémie de choléra au Zimbabwe n’est qu’un malheur supplémentaire pour ce pays à la dérive avec un président autocrate qui ne constitue pas une exception sur le continent africain. L’urbanisation sauvage dans des mégapoles au développement incontrôlé risque également de mener à de nouvelles violences. Là encore, ces mégapoles se concentrent dans les régions les plus pauvres de la planète, en Afrique et en Asie, principalement.
Indirectement, la crise est également une menace majeure dans la lutte contre le réchauffement climatique. Pourquoi prendre des mesures contraignantes et impopulaires pour essayer de traiter un problème dont les conséquences ne seront pas immédiatement visibles ? L’égoïsme des nations va prendre le pas sur la sagesse exigée par un tel enjeu. La priorité des gouvernements n’est pas dans le long terme mais dans le très court terme. Une des conséquences du réchauffement sera le transfert de population vers les zones urbaines et vers les zones de prospérité. L’Europe, plus que jamais, sera un eldorado convoité par des immigrés en quête d’une vie meilleure. Or, seul le co-développement des pays africains est en mesure de répondre aux besoins des populations plutôt qu’une immigration non contrôlée et non maîtrisée vers le Nord plus prospère. Cet enjeu nécessite d’ailleurs une réponse européenne.
La sécurité alimentaire est également un enjeu essentiel non seulement pour les pays en voie de développement, dont pudiquement on oublie combien cette question est essentielle pour la simple survie de leur population, mais aussi pour les pays développés. La hausse des matières premières comme le blé au cours du premier semestre 2008 avait entraîné des tensions sociales, y compris en Europe. La crise du pouvoir d’achat, et maintenant l’augmentation du chômage dans les pays de la zone euro créent des conditions d’instabilité sociale devenant dès lors des priorités absolues pour les gouvernements. La pauvreté est par nature un facteur de crise stratégique. Les succès de politique étrangère deviennent alors secondaires pour les opinions publiques alors même que le retour à la prospérité et à la croissance passe par la stabilité internationale.
Les progrès à venir
L’Union européenne prend cependant conscience peu à peu de ses responsabilités internationales. Certes, les progrès de l’Europe de la défense restent encore limités, malgré les efforts de la présidence française, tandis que l’OTAN s’apprête à fêter son soixantième anniversaire lors du sommet qui se tiendra en avril entre Strasbourg, Kehl et Baden-Baden. Cette année sera décisive pour Paris avec l’expression de son souhait de réintégrer la structure militaire de l’Alliance. Pour cela, il faudra en déterminer les conditions et accorder à la France des responsabilités à la hauteur de sa puissance militaire. Les négociations ne seront pas aisées car elles imposent également de revoir l’ensemble de l’architecture de l’OTAN et la répartition des commandements.
En effet, même si nos armées sont engagées dans un processus majeur de restructuration, la feuille de route est désormais connue et cette année va permettre la mise en œuvre des décisions élaborées en 2008 autour du Livre Blanc publié en juin et de la Loi de programmation militaire 2009-2014 présentée cet automne. Désormais, les objectifs sont établis et la volonté de réussir est forte. Certes, il y aura des difficultés dès cet été avec les premières dissolutions de certaines unités et les déplacements d’autres entités. La dimension « accompagnement du personnel » sera d’ailleurs essentielle et dimensionnante pour la réussite finale. Des frustrations dans ce domaine auraient un impact très négatif et durable sur le moral des armées déjà fragile.
Pour l’armée de terre, la plus concernée des trois armées, 2009 verra le déploiement opérationnel de ses nouveaux matériels, concrétisant ainsi des années d’effort et d’attente. Ainsi est évoqué l’envoi au printemps, sur le théâtre afghan, de trois hélicoptères de combat Tigre. Cette perspective ne concerne pas que l’ALAT mais bien toute l’armée de terre. L’emploi en opération du Tigre permettra de montrer la pertinence de ce programme lancé, il y a plus de vingt ans. De la même façon, l’envoi de canons d’artillerie Caesar –déjà déployés au Liban et dont 8 exemplaires ont déjà été livrés - apportera une puissance de feu indispensable à nos troupes. En métropole, l’engin blindé à roues VBCI va devenir, après les premières livraisons en 2008, une réalité dans les régiments d’infanterie en remplaçant les vénérables AMX 10P en service depuis plus de trente ans.
Après plus de15 mois d’indisponibilité suite à son chantier de modernisation, le porte-avions Charles De Gaulle, va redonner une capacité indispensable à la politique étrangère française dans ce contexte trouble. La question du deuxième porte-avions ne sera pas tranchée cette année, mais les débats vont se poursuivre tant sur le plan technique que politique pour une décision en 2011-2012. Par contre, la mise en service des frégates de défense anti-aérienne du type Horizon, retardée pour des raisons techniques, va offrir de nouvelles capacités à la marine nationale et améliorer la sûreté du groupe aéronaval.
La montée en puissance de la base récemment implantée aux Emirats arabes unis devrait se poursuivre et contribuer à la stabilité du Golfe persique.
Le lancement du deuxième satellite Hélios 2B confortera notre défense en renforçant l’outil spatial d’acquisition du renseignement, indispensable dans la prévention et la gestion des crises. Le renforcement de l’espace militaire devrait ainsi permettre à Paris d’accroître sa crédibilité dans un domaine aussi stratégique.
La dissuasion nucléaire devrait franchir une nouvelle étape avec la mise en route du laser méga-joule implanté près de Bordeaux. Cet outil de simulation est indispensable pour garantir la crédibilité et la sûreté de nos têtes nucléaires. Ce chantier majeur a été lancé depuis plus d’une décennie. Le maintien de nos compétences scientifiques et technologiques dans ce domaine stratégique a d’ailleurs été réaffirmé dans la Loi de programmation militaire.
Dans ce domaine, cette année verra le premier tir de synthèse du nouveau missile M 51 destiné à équiper le SNLE Terrible dont l’admission au service actif est toujours prévue en 2010.
2009 pourrait voir enfin un premier succès à l’exportation de l’avion Rafale, dont l’engagement opérationnel est une réalité depuis deux ans. Le Rafale a été engagé en Afghanistan où il a régulièrement effectué des attaques au sol. La Suisse a mené une campagne d’essais à l’automne 2008 entre différents avions concurrents afin de sélectionner son futur avion de combat. Le Rafale fait partie des trois candidats et le résultat est attendu cet été.
Sur le plan industriel, le constructeur aéronautique EADS devrait être enfin en mesure d’effectuer les premiers vols de l’avion de transport stratégique A 400M, prévus initialement en mars 2008. 2008 a été à cet égard, une année de déceptions et de difficultés majeures pour ce programme emblématique pour l’Europe. Les soucis industriels ne sont pas sans rappeler ceux que connaît le gros-porteur A 380. Le premier vol n’est pas attendu avant la mi-2009. EADS a montré ici une certaine incapacité à résoudre ses problèmes liés à sa structure multinationale. Par ailleurs, le retard accumulé ne sera pas sans poser des problèmes notamment pour notre armée de l’air qui doit poursuivre le retrait du service, à raison de 4 appareils par an, des avions Transall atteints par leur obsolescence. Des solutions palliatives devront être trouvées très vite avant le premier semestre 2011 avec la livraison des premiers A 400M. Initialement, EADS, en 2000, avait prévu la mise en service de l’avion en 2007.
Il y aura cependant quelques satisfactions en 2009 avec la poursuite du développement de la capacité spatiale européenne. En effet, Arianespace devrait mettre en œuvre, outre sa fusée « best seller » Ariane V, deux nouveaux lanceurs à partir de la base de Kourou en Guyane. Il y aura le petit lanceur Vega et la fusée de conception russe Soyouz. Indéniablement, cet effort, constant depuis des décennies, garantit à l’Europe son indépendance dans ce secteur hautement stratégique, mais la vigilance doit rester de mise à travers le maintien des investissements de recherche et de développement. Les ambitions chinoises et indiennes sont en effet ambitieuses et crédibles car s’appuyant sur de beaux résultats obtenus en 2008 comme le troisième vol habité chinois et la sonde lunaire indienne.
Le dialogue interreligieux peut constituer également une des satisfactions de cette année. Ainsi, le roi d’Arabie saoudite a, en 2008, fait preuve d’une volonté d’ouverture sans précédent envers les autres religions du Livre. De même, les relations entre le Vatican et l’Eglise orthodoxe ont commencé à s’améliorer, augurant de lendemains moins tendus et donc porteurs d’espoir pour les années à venir, car récusant la théorie du choc des civilisations.
De la même façon, l’amélioration progressive des rapports entre Cuba et Washington semble bien engagée et devrait s’accélérer avec la future administration Obama. Une transition en douceur reste préférable pour éviter une crise régionale aux conséquences dramatiques pour la population de l’île.
La crise économique profonde qui touche l’ensemble de la planète, constitue en cette année 2009, une source majeure d’instabilité alors même que les tensions ne cessent de croître dans l’arc de crise défini dans le Livre blanc. Après un semestre de présidence française très dense et porteuse de projets concrets, l’Union européenne risque de retomber dans ses travers habituels avec une présidence tchèque à venir qui suscite des interrogations en raison de l’euroscepticisme en cours à Prague et la non-résolution de la crise ouverte avec le non irlandais au traité de Lisbonne. Or, la poursuite de la construction européenne est indispensable en cette période de grande incertitude économique et stratégique. Il faut souhaiter également que la campagne électorale qui va démarrer en Allemagne pour les élections de septembre ne paralyse pas l’Europe.
Pour la France, 2009 sera une année décisive pour la mise en œuvre des décisions stratégiques prises en 2008. La difficulté sera accrue par le contexte économique difficile, mais il sera indispensable que la Défense conserve sa cohérence non seulement sur le plan de son organisation mais surtout dans sa dimension humaine. A condition aussi de se sentir soutenue tant par les autorités politiques que par l’opinion publique française.
L’Afghanistan restera le principal foyer de violence pour lequel les perspectives restent sombres. Rester ou partir, dans les deux cas, la violence sera au rendez-vous. Et la France sera en première ligne.
2009 s’ouvre avec l’espoir de la nouvelle présidence américaine. Il reste à souhaiter que celle-ci connaisse le succès tant attendu et espéré.
Jérôme PELLISTRANDI