Le risque keynésien

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Tout le monde redécouvre Keynes.
Comme si Regan et Bush n'avaient pas mené une politique keynésienne d'augmentation radicale des déficits (certes, à coup de réduction d'impôts et de cadeaux aux riches et non par des travaux d'infrastructure et des coups de pouce aux ménages). Mais laissons là ces persiflages.

Saint Keynes, qui justifie que l'Etat s'endette pour financer des relances de l'économie. Et donc, anathème sur la mauvaise Angela Merkel, qui s'accroche à la rigueur. Ouh ! la méchante !

Et bien j'aimerais jouer ma petite musique. Qui n'est pas libérale, toutefois.

Car si je ne suis pas hostile à Keynes, je me méfie d'un risque méta-systémique qui dépasse celui de l'éclatement des bulles actuelles (financière, immobilière, de confiance, etc...). Voir mes billets d'il y a trois mois ici et ici.

De quoi s'agit-il? du risque de faillite généralisé des Etats. Les individus ne faisaient pas faillite : on a trouvé le moyen de leur en donner la possibilité. Les Etats ne faisaient pas faillite, du moins pas collectivement.
Or, là est le méta risque : une défaillance collective d'Etats qui se seraient trop avancés dans des plans de relance hatifs et surtout insuffisamment appuyés.
Car on dit que l'Etat est le payeur en dernier ressort. Vrai en économie fermée. Mais en économie ouverte (qui est notre cadre, n'est-ce pas), le payeur en dernier ressort est celui qui prête. Or, on ne sait pas qui c'est.

Le recours à l'Etat est donc une illusion : on recourt au truchement de l'Etat qu'on considère comme un meilleur emprunteur que les banques et institutions financières. Truchement vers d'autres préteurs. Mal identifiés. Comme dans la crise des subprimes (dilution du risque).

Je crains que l'abus d'Etat ne soit une fausse garantie. Surtout quand elle est mise en oeuvre par des agents qui ont été éduqués, depuis leur plus tnedre enfance, à se méfier de l'Etat.

Il y a un vrai risque eschatologique en matière économique.

Et finalement, A. Merkel a peut-être raison d'être prudente. Et on a tort de la décrire anti-européenne comme on le fait si couramment. Si l'Euro résiste et nous permet de pérorer, c'est quand même parce que c'est un méga-mark. Ne nous trompons pas, et gardons un peu d'humilité.
Il ne faut pas faire trop de mauvaises manières aux Allemands, comme en ce moment. La France n'a pas si intérêt à casser le moteur franco-allemand.

O Kempf
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