Quels clivages politiques ?
Deux tendances foncières viennent au jour en cette fin d'année. Et le récent discours de N. Sarkozy sur les inégalités vient de décider un choix lourd de conséquences.
1/ Il y avait en effet la question "ethnique" : celle de l'intégration de populations (je refuse de parler de minorités) issues de l'immigration. On l'a traduite pendant des années par la question de l'immigration (voir J.M. Le Pen depuis les années 1980), on la pense ces temps ci sous le nom de discrimination positive.
2/ Il y avait autrefois la question sociale, longtemps décrite sous l'angle marxiste. Elle a plutôt disparu avec la chute de l'URSS, pour trouver un certain "revival" sous la forme de l'anticapitalisme et l'altermondialisme à parir de 1999.
3/ En cette fin d'année 2008, il fallait choisir. M. Obama a permis de dépasser le clivage ethnique (je relisais tout à l'heure son discours de Philaldelphie sur la race où, à l'évidence, il décide de se dégager de ce déterminant là). Voir le sujet du CID ici. La crise financière justifie, apparemment, les critiques de l'altermondialisme et ses fondements ethniques, qui expliquent l'agitation des extrêmes (émeutes en Grèce, manifestations en Italie et en France).
4/ Tout le monde dégoise sur le recul de M. Darcos. Sans voir que M. Sarkozy a choisi autre chose. Son discours sur les inégalités sociales permet de privilégier la lutte des classes par rapport à la lutte des ethnies. C'est une décision fondmentale, et il faut en avoir conscience.
5/Géopolitiquement, du point de vue de la cohésion nationale et quoi qu'on pense par ailleurs de sa politique, c'est une bonne chose. Car la lutte des classes discourt dans le cadre national et intègre les populations selon des logiques politiques (et non selon des logiques culturelles si difficiles à identifier), même si elle accentue des clivages nationaux.
Le risque, bien sûr, tient à ce que c'est un clivage dangereux et violent, surtout qu'il y a tout un tas de partisans du chaos.
Mais entre deux risques, il fallait choisir. Entre le multiculturalisme et l'ultra gauche, cette dernière paraît plus maîtrisable.
O. Kempf