Quelques réflexions sur les opérations de Gaza
1/ Le contrôle de la bande de Gaza est, au sens propre, une question géopolitique. En s’en retirant il y a deux ans, Israël a pu donner l’impression de s’en laver les mains. Mais en maintenant le blocus, pour des raisons politiques (punir le Hamas), il n’a pu s’en désintéresser. Et le Hamas a tout fait pour qu’Israël ne s’en désintéresse pas. C’est le sens des roquettes tirées, afin de manifester que la « frontière » ne peut être un cordon sanitaire étanche.
2/ Même dans des confins désertiques, le blocus ne fonctionne pas. Du moins, militairement, même si politiquement, cette arme a un sens. En fait, le blocus n’est utile que dans le champ politique, pas dans le champ militaire ou économique.
3/ Israël veut sa revanche sur les intégristes : après la défaite du Liban à l’été 2006, il fallait réaffirmer la supériorité conventionnelle des IDF.
4/ On abandonne donc les EBO et on revient à des choses plus classiques : la surprise (manœuvre de déception politique, avec une intervention déclenchée plus tôt que ce que chacun croyait) et intervention terrestre rapide en exploitation. Mais il est peu probable qu’il s’agisse d’occuper le terrain. Frappe et revient.
5/ On fait bien attention à limiter officiellement les bavures, cf. le discours sur les « 97 % des victimes sont du Hamas ».
6/ D’un point de vue géopolitique, il y aura les habituels grognements et condamnations. Tout dépend de la brièveté de l’opération. Mais tout porte à croire qu’elle sera brève, pour des raisons militaires déjà évoquées, pour des raisons de calendrier électoral (élections israéliennes en février), et parce qu’il ne sert à rien de mettre Obama trop tôt dans l’embarras, alors qu’il n’est pas aux affaires.
7/ La vraie question qu’on se pose est la suivante, le Hamas paraissant de plus en plus isolé : Quel est la solidité de son soutien syrien, alors que Damas est en négociation avec Tel Aviv ? et y a-t-il vraiment un soutien de rechange du côté de Téhéran, alors qu’Ahmadinejad paraît en perte de vitesse, à l’aube de ses propres élections au printemps ?
Olivier Kempf