Guerre à Gaza : nouveaux milieux de la guerre
Il faut encore revenir sur ce qui se passe à Gaza.
Voir mes billets (ici et ici) et celui de Florent (ici).
C'est une guerre. Elle a donc une double dimension : politique et militaire.
Pour la comprendre (ainsi que son tempo) il ne faut pas oublier ces deux aspects.
1/ Méta-milieu Politique
11/ interne : élections israéliennes à venir, cabinet Olmert de transition.
12/ Externe : Arrivée d'Obama. Difficulté avec l'Iran et négociation avec la Syrie pour Israël. Isolement du Hamas, qui se veut indépendant, y compris de Téhéran (voir ici Pour Téhéran, donner davantage, c'est davantage contrôler : « or le Hamas y est opposé, il reste attaché à son indépendance », assure ce sympathisant. Récemment encore, Téhéran n'aurait pas accédé à une demande d'assistance ).
2/ Méta milieu Militaire
Conditions générales : spectre de la guerre de 2006, contre le Hezbollah. La moindre résistance de l'autre sera considérée comme une défaite des IDF : elles sont condamnées à vaincre.
3/ Ces considérations plantent le décor. Mais voyons ce qu'on peut d'ores et déjà en dire. Tout d'abord, que c'est une guerre "régulière" : armée contre armée "les soldats du Hamas portent un treillis noir" : l'uniforme fait l'armée), munitions et armes contre munitions et armes. Il ne faut pas l'oublier, alors qu'on ne cesse d'évoquer les guerres irrégulières et les COIN. Ne pas trop se focaliser sur l'expérience irakienne, et sur le fait que c'était surtout une expérience américaine. L'Irak n'est pas 'toute' la guerre moderne. Colin Gray l'avait bien dit.
Mais cette guerre régulière met à jour deux milieux particuliers, l'un déjà connu, l'autre tout à fait nouveau.
4/ Premier milieu : ce combat est d'abord un combat médiatique.
Chacun sait l'état fatigué de l'armée russe, qui a eu du mal à vaincre l'Ossétie cet été, et pourtant, symboliquement, les Russes ont fait peur au point que certains ont parlé de guerre froide : ils avaient gagné médiatiquement. Il faut raison garder, et surtout comprendre que désormais, le principal milieu de la guerre est celui des médias.
D'où la volonté d'Israël de dire que 97% des victimes sont du Hamas ; réciproquement, des Hamasiens de mettre en scène les enfants tués. Derrière "l'information" il y a l'émotion (l'infémotion?). Car celui qui décide de la guerre, c'est "le public".
Même s'il y a plusieurs publics : l'opinion arabe. L'opinion israélienne. L'opinion occidentale. Etc... Où veut on vaincre, où veut-on limiter les dégâts ?
Ceci explique peut-être (peut-être) le délai d'engagement terrestre (mais il a peut-être des raisons politiques, ou de diplomatie parallèle, etc.).
Dernier point : compte-tenu de son histoire, Israël ne peut aller "trop loin" et tuer "trop" de civils : sous peine de verser dans le génocide. Qui est déjà l'accusation qu'on lui lance sans cesse. De même, le Hamas ne peut tuer "trop" de civils à coup d'attentats suicides, pour ne pas sombrer dans les accusations de racisme et d'anti-sémitisme. D'ailleurs, le Hamas a réduit les attentats suicides.
Mais ne nous y trompons pas : c'est d'abord dans ce milieu médiatique que les combattants veulent la victoire. L'engagement (pour reprendre le mot de CVC) est tourné d'abord vers ce milieu-là.
5/ Second Milieu. On a souvent expliqué la défaite de 2006 comme une prime trop forte donnée à l'Armée de l'Air. Cf. la remise en cause des EBO (voir ici).
Or, que constate-t-on ? Les IDF ont la domination du milieu aérien : par les avions et les hélicos, mais aussi par les drones.
Chaque camp domine sa portion de milieu terrestre, Hamas à Gaza, IDF enIsraël.
Mais le Hamas a inventé un nouveau milieu, le milieu souterrain : galeries, blockhaus, mines et pièges, .... On se souvient du fameux complexe de Torabora dans les montagnes afghanes, ou plus anciennements les laboratoires souterrains de Saddam Hussein : à chaque fois, fictifs. Mais le Hezbollah a réactualisé cette technique. Et le Hamas s'est empressé de l'imiter.
Gaza doit donc être un gigantesque gruyère. Nonn seulement à cause des galeries qui mènenet en Egypte et permettent de s'affarnchir du blocus. Mais aussi parce que le sous-sol de la bande est creusé de multiples aménagements guerriers. Une ligne Maginot du pauvre.
Et qu'on ne parle pas de "guerre irrégulière" : Gaza est une ville assiégée, et de tout temps, il a fallu creuser lors des sièges : pour les sapes, les contresapes, les défilés, ....
Le génie israélien va avoir fort à faire....
[Ajout du 4 I à 11h00] : En fait, le Hamas veut équilibrer la domination sur-terrestre (aérienne) d'Israël par une domination sous-terrestre (souterraine). L'enjeu étant, comme toujours à la guerrre, de contrôler telle portion de territoire.
6/ Pourtant, malgré toutes les difficultés, malgré le temps laissé au Hamas pour se réorganiser, l'offensive vient de commencer (voir ici).
Car l'on revient aux fondements de la guerre. L'objectif politique rejoint un objectif militaire, qui est un objectif territorial : "la présidence du Conseil a affirmé que l'offensive visait à "prendre le contrôle" des secteurs de Gaza d'où sont tirées les roquettes contre Israël.".
- Objectif politique : fixé par la présidence du Conseil, faire cesser les tirs de roquette
- Objectif militaire : prendre le contrôle
- Obectif territorial : secteurs de Gaza d'où sont tirées...
Clausewitz, toujours Clausewitz, toujours d'actualité.
C'est une guerre régulière (il y a plein de chars.....). Au sein des populations.
C'est une guerre médiatique. C'est une guerre souterraine. Dans ces deux derniers cas, il faut prendre l'expression au pied de la lettre.
O. Kempf
Voir mes billets (ici et ici) et celui de Florent (ici).
C'est une guerre. Elle a donc une double dimension : politique et militaire.
Pour la comprendre (ainsi que son tempo) il ne faut pas oublier ces deux aspects.
1/ Méta-milieu Politique
11/ interne : élections israéliennes à venir, cabinet Olmert de transition.
12/ Externe : Arrivée d'Obama. Difficulté avec l'Iran et négociation avec la Syrie pour Israël. Isolement du Hamas, qui se veut indépendant, y compris de Téhéran (voir ici Pour Téhéran, donner davantage, c'est davantage contrôler : « or le Hamas y est opposé, il reste attaché à son indépendance », assure ce sympathisant. Récemment encore, Téhéran n'aurait pas accédé à une demande d'assistance ).
2/ Méta milieu Militaire
Conditions générales : spectre de la guerre de 2006, contre le Hezbollah. La moindre résistance de l'autre sera considérée comme une défaite des IDF : elles sont condamnées à vaincre.
3/ Ces considérations plantent le décor. Mais voyons ce qu'on peut d'ores et déjà en dire. Tout d'abord, que c'est une guerre "régulière" : armée contre armée "les soldats du Hamas portent un treillis noir" : l'uniforme fait l'armée), munitions et armes contre munitions et armes. Il ne faut pas l'oublier, alors qu'on ne cesse d'évoquer les guerres irrégulières et les COIN. Ne pas trop se focaliser sur l'expérience irakienne, et sur le fait que c'était surtout une expérience américaine. L'Irak n'est pas 'toute' la guerre moderne. Colin Gray l'avait bien dit.
Mais cette guerre régulière met à jour deux milieux particuliers, l'un déjà connu, l'autre tout à fait nouveau.
4/ Premier milieu : ce combat est d'abord un combat médiatique.
Chacun sait l'état fatigué de l'armée russe, qui a eu du mal à vaincre l'Ossétie cet été, et pourtant, symboliquement, les Russes ont fait peur au point que certains ont parlé de guerre froide : ils avaient gagné médiatiquement. Il faut raison garder, et surtout comprendre que désormais, le principal milieu de la guerre est celui des médias.
D'où la volonté d'Israël de dire que 97% des victimes sont du Hamas ; réciproquement, des Hamasiens de mettre en scène les enfants tués. Derrière "l'information" il y a l'émotion (l'infémotion?). Car celui qui décide de la guerre, c'est "le public".
Même s'il y a plusieurs publics : l'opinion arabe. L'opinion israélienne. L'opinion occidentale. Etc... Où veut on vaincre, où veut-on limiter les dégâts ?
Ceci explique peut-être (peut-être) le délai d'engagement terrestre (mais il a peut-être des raisons politiques, ou de diplomatie parallèle, etc.).
Dernier point : compte-tenu de son histoire, Israël ne peut aller "trop loin" et tuer "trop" de civils : sous peine de verser dans le génocide. Qui est déjà l'accusation qu'on lui lance sans cesse. De même, le Hamas ne peut tuer "trop" de civils à coup d'attentats suicides, pour ne pas sombrer dans les accusations de racisme et d'anti-sémitisme. D'ailleurs, le Hamas a réduit les attentats suicides.
Mais ne nous y trompons pas : c'est d'abord dans ce milieu médiatique que les combattants veulent la victoire. L'engagement (pour reprendre le mot de CVC) est tourné d'abord vers ce milieu-là.
5/ Second Milieu. On a souvent expliqué la défaite de 2006 comme une prime trop forte donnée à l'Armée de l'Air. Cf. la remise en cause des EBO (voir ici).
Or, que constate-t-on ? Les IDF ont la domination du milieu aérien : par les avions et les hélicos, mais aussi par les drones.
Chaque camp domine sa portion de milieu terrestre, Hamas à Gaza, IDF enIsraël.
Mais le Hamas a inventé un nouveau milieu, le milieu souterrain : galeries, blockhaus, mines et pièges, .... On se souvient du fameux complexe de Torabora dans les montagnes afghanes, ou plus anciennements les laboratoires souterrains de Saddam Hussein : à chaque fois, fictifs. Mais le Hezbollah a réactualisé cette technique. Et le Hamas s'est empressé de l'imiter.
Gaza doit donc être un gigantesque gruyère. Nonn seulement à cause des galeries qui mènenet en Egypte et permettent de s'affarnchir du blocus. Mais aussi parce que le sous-sol de la bande est creusé de multiples aménagements guerriers. Une ligne Maginot du pauvre.
Et qu'on ne parle pas de "guerre irrégulière" : Gaza est une ville assiégée, et de tout temps, il a fallu creuser lors des sièges : pour les sapes, les contresapes, les défilés, ....
Le génie israélien va avoir fort à faire....
[Ajout du 4 I à 11h00] : En fait, le Hamas veut équilibrer la domination sur-terrestre (aérienne) d'Israël par une domination sous-terrestre (souterraine). L'enjeu étant, comme toujours à la guerrre, de contrôler telle portion de territoire.
6/ Pourtant, malgré toutes les difficultés, malgré le temps laissé au Hamas pour se réorganiser, l'offensive vient de commencer (voir ici).
Car l'on revient aux fondements de la guerre. L'objectif politique rejoint un objectif militaire, qui est un objectif territorial : "la présidence du Conseil a affirmé que l'offensive visait à "prendre le contrôle" des secteurs de Gaza d'où sont tirées les roquettes contre Israël.".
- Objectif politique : fixé par la présidence du Conseil, faire cesser les tirs de roquette
- Objectif militaire : prendre le contrôle
- Obectif territorial : secteurs de Gaza d'où sont tirées...
Clausewitz, toujours Clausewitz, toujours d'actualité.
C'est une guerre régulière (il y a plein de chars.....). Au sein des populations.
C'est une guerre médiatique. C'est une guerre souterraine. Dans ces deux derniers cas, il faut prendre l'expression au pied de la lettre.
O. Kempf