Découpage électoral : une affaire proprement géopolitique
La censure par le Conseil Constitutionnel du projet gouvernemental de découpage électoral nous rappelle que celui-ci est, fondamentalement, une affaire de géopolitique. Plus exactement, de géo-politique. C'est-à-dire de politique appliquée à l'espace.
1/ La CC rappelle le fondement spatial de la représentation démocratique : un individu égale une voix.
Mais qu'est-ce qu'un individu ?
- ça peut être un territoire, quelle que soit sa taille. Par exemple, le Sénat des Etats-Unis accueille 100 députés, deux par Etat, peu importe la taille de l'Etat fédéré. La Californie vaut l'Utah.
- ça peut être un citoyen; la loi détermine alors les conditions d'attributions des droits civiques (censitaire, universel, âge, masculin ou mixte, ...).
Dans ce dernier cas, la démographie est à la base de la démocratie. Leçon essentielle. D'autant que la démographie est, depuis toujours, un facteur essentiel de l'analyse géopolitique.
2/ Or, il s'agit de démographie politique appliquée à l'epace. En rappelant les conditions d'égalité de représentation, cela nous rappelle le principe d'équivalence du citoyen, sans tenir compte des conditions locales.
3/ Choix aveugle ? qui ne tiendrait pas compte des volontés d'équilibre entre territoires, entre ruraux et urbains, entre... ?
certes ! mais cela évite aussi les risques d'isolement pseudo-ethnique ou indépendantiste, sous le prétexte d'une "autonomisation". Et cela redonne surtout du sens à la deuxième chambre, chargée justement de représenter ces particulatrités locales (ne dit on pas du Sénat français que c'est l'assemblée des collectivités territoriales, ce qui justifie d'ailleurs le suffrage indirect): ce sont, alors, des territoires qui sont représentés. Et il s'agit, là aussi, de géo-politique.
O. Kempf