Europe, gaz et Russie
Quelques réflexions, maintenant que la "crise" touche à sa fin.
1/ L'Europe paraît suffisamment désunie au Kremlin pour que celui-ci courre le risque de la défier pour régler le compte de V. Iouchtchenko, le président ukrainien.
2/ L'Ukraine n'est pas "nette", ce que j'avais déjà sussuré dans un billet précédent (ici) (voir aussi ici).
3/ La solidarité européenne est un leurre. Il y a toujours une fracture entre deux Europes, une à l'ouest l'autre à l'est. Surtout, à l'ouest, des agents "indépendants" ont pratiqué un jeu particulier qui les a rapproché du Kremlin : l'Allemagne avec Northstream, l'Italie avec Southstream. S'étonnera-t-on du pro-américanisme de l'Europe de l'est ?
4/ Pour regagner une certaine "indépendance", il faudrait que l'Europe tire d'abord la conclusion de ce qui s'est passé : elle est aujourd'hui entre les mains gazières du Kremlin. Elle doit donc :
- organiser l'interconnection des réseaux gaziers, qui sont encore séparés.
- soutenir plus vigoureusement Nabucco, le gazoduc concurrent de Southstream. Défendu par des partenaires privés européens, quand les deux stream sont activés par GAzprom. Difficulté : ce sont des sociétés privées d'Europe de l'est, principalement, et aucun acteur majeur d'Europe de l'ouest n'y est vraiment : faible lobbying, par conséquent.
5/ La crise met à bas deux mantras qu'on ne cessait de répéter depuis des années :
- "la Russie est un partenaire fiable"
- "Southstream et Nabucco sont compatbles"
On sait désormais que ces deux assertions sont fausses.
6/ En effet, Southstream passe à travers la mer Noire pour parvenir à la Bulgarie, et via la Grèce, la Serbie et la Hongrie, atteindre l'Italie et l'Autriche
Nabucco passe par la Turquie et permet d'atteindre directement les champs gazifères d'Asie centrale, sur et au-delà de la mer Caspienne. On lira à cet effet l'excellent dossier de "Diplomatie" de ce bimestre, qui malgré des accents partisans présente des données brutes et détaillées qui éclairent le dossier.
En clair, en acceptant Southstream, on se lie totalement à la Russie, y compris pour le gaz d'Asie centrale qui est le véritable enjeu de demain.
Il faut donc que la crise russo-ukrainienne de ce début 2009 désille les yeux des décideurs européens.
Olivier Kempf
1/ L'Europe paraît suffisamment désunie au Kremlin pour que celui-ci courre le risque de la défier pour régler le compte de V. Iouchtchenko, le président ukrainien.
2/ L'Ukraine n'est pas "nette", ce que j'avais déjà sussuré dans un billet précédent (ici) (voir aussi ici).
3/ La solidarité européenne est un leurre. Il y a toujours une fracture entre deux Europes, une à l'ouest l'autre à l'est. Surtout, à l'ouest, des agents "indépendants" ont pratiqué un jeu particulier qui les a rapproché du Kremlin : l'Allemagne avec Northstream, l'Italie avec Southstream. S'étonnera-t-on du pro-américanisme de l'Europe de l'est ?
4/ Pour regagner une certaine "indépendance", il faudrait que l'Europe tire d'abord la conclusion de ce qui s'est passé : elle est aujourd'hui entre les mains gazières du Kremlin. Elle doit donc :
- organiser l'interconnection des réseaux gaziers, qui sont encore séparés.
- soutenir plus vigoureusement Nabucco, le gazoduc concurrent de Southstream. Défendu par des partenaires privés européens, quand les deux stream sont activés par GAzprom. Difficulté : ce sont des sociétés privées d'Europe de l'est, principalement, et aucun acteur majeur d'Europe de l'ouest n'y est vraiment : faible lobbying, par conséquent.
5/ La crise met à bas deux mantras qu'on ne cessait de répéter depuis des années :
- "la Russie est un partenaire fiable"
- "Southstream et Nabucco sont compatbles"
On sait désormais que ces deux assertions sont fausses.
6/ En effet, Southstream passe à travers la mer Noire pour parvenir à la Bulgarie, et via la Grèce, la Serbie et la Hongrie, atteindre l'Italie et l'Autriche
Nabucco passe par la Turquie et permet d'atteindre directement les champs gazifères d'Asie centrale, sur et au-delà de la mer Caspienne. On lira à cet effet l'excellent dossier de "Diplomatie" de ce bimestre, qui malgré des accents partisans présente des données brutes et détaillées qui éclairent le dossier.
En clair, en acceptant Southstream, on se lie totalement à la Russie, y compris pour le gaz d'Asie centrale qui est le véritable enjeu de demain.
Il faut donc que la crise russo-ukrainienne de ce début 2009 désille les yeux des décideurs européens.
Olivier Kempf