James Jones, conseiller à la sécurité d'Obama

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La nomination de la nouvelle équipe traitant des affaires de sécurité a fait l’objet de beaucoup de commentaires. On s’est bien sûr penché sur le cas de Robert Gates (voir mon billet d'août) et bien sûr d’Hillary Clinton, voire de Susan Rice (cf. F Jauvert ici billet du 1er Décembre 2008).

Peu de choses ont été dites sur le quatrième larron, James Jones. Car quand on remarque qu’il a été à la tête de l’OTAN et qu’il est francophone, on croit avoir tout dit.

 

1/ James Jones parle français parce que son père, officier lui-même, était en poste à l’OTAN d’avant 1966, du côté de Fontainebleau : c’est au lycée du coin qu’il a appris le français, c’est avec ses copains qu’il a découvert la mentalité française. Il est donc vraiment acculturé, et depuis les années de l’adolescence qui marquent un homme.

Sa francophonie accompagne une vraie francophilie : je me souviens l’avoir accompagné en Afghanistan en 2006 (rassurez vous, au milieu d’une cohorte d’accompagnateurs de tout acabit), avoir fait savoir à son assistant militaire que le contingent français serait très honoré qu’il s’adressât à lui, et avoir vu Jones accepter de bousculer un emploi du temps très serré pour dire un mot, en français, aux hussards parachutistes qui se trouvaient là, et d’avoir pris un pot avec eux.

Bravo l’artiste. Tout l’homme est là : humain et simple, avec une immense capacité intellectuelle qui lui permettait de digérer nombre de dossiers.

 

2/ SACEUR, il est nommé à la tête du plus grand commandement stratégique de l’OTAN en 2003. Le choix surprend à l’époque, car c’est un général des Marines et c’est la première fois qu’un SACEUR est Marines. L’époque rumsfeldienne entretien la vogue « expéditionnaire », ce qui a pu jouer un rôle. Surtout, sa francophonie est un gage donné aux Français : après les violentes étripages diplomatiques à propos de l’Irak, les milieux militaires des deux bords de l’Atlantique ne cessaient d’expliquer que sur le plan des armes, il n’y avait aucun rift transatlantique.

 

3/ J. Jones conduisit donc avec habileté la structure intégrée, malgré les chamailleries diplomatiques qui se poursuivirent (sommet d’Istamboul de 2004 et décision de créer la Mission Otan de formation en Irak –NTM.I). C’est sous son commandement aussi que l’OTAN accepta de prendre le commandement de la FIAS : car on l’oublie trop souvent, à l’origine, la FIAS était une mission des Nations Unies commandée à tour de rôle par des nations. La FIAS passa sous commandement allié en 2003. J. Jones pilota également l’élargissement de la FIAS, sortie tout d’abord de Kaboul pour prendre le contrôle des deux provinces nord et ouest, puis, à partir de l’été 2006, celle du sud et celle de l’est.

En 2006, la FIAS n’était pas en situation difficile comme elle l’est actuellement.

J. Jones réussit également deux performances : poser un pied otanien en Afrique (avec le soutien à la Mission de l’Union Africaine au Soudan) , et procéder à un engagement opérationnel de la force de réaction de l’OTAN (NRF). Certes, les deux actions sont controversées et leur résultat mitigé (voir mes articles en 2006 dans Dn&SC), mais symboliquement, J. Jones avait su pousser l’OTAN en avant.

 

4/ A partir de 2006, à la retraite, il travailla au processus de paix au Proche-Orient. On dit qu’il a des idées personnelles qui changent un peu de la politique habituelle de Washington envers Israël. De même, proche de Mc Cain, il prouve par sa nomination qu’Obama pratique une certaine forme d’ouverture politique.

On verra l’homme à l’ouvrage. Mais il est équilibré et pragmatique, et n’a pas la réputation d’être doctrinaire.

 

O. Kempf

Publié dans Etats-Unis

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Très complet, merci ;-)
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