Liban : et après la crise ?
Le fracas des armes et surtout des ondes est retombé : il est donc temps de reparler du Liban. (voir mon billet précédent)
Deux compréhensions de la crise sont possibles :
Pessismiste :
Le nouveau président Sleimane est un faible, qui n'a pas voulu engager l'armée libanaise dans Beyrouth face au Hezbollah, et a même servi à jouer les utilités. Le Hezb est le grand vainqueur, puisqu'il conserve ses armes, a conquis un territoire et une capitale, sans compter une position politique qu'il réclamait depuis deux ans. C'est le factotum de l'Iran belliciste et de la Syrie revancharde. La crise a contribué à unir les sunnites en une communauté "ethnico-religieuse", qui va immanquablement soutenir Al-Qaida.
Conclusion : la guerre civile à court terme, l'éclatement ensuite avant un Anschluss syrien.

Optimiste :
Face à toute les constructions nationales qui se fondent sur la seule base ethnique (Israël, Irak, ....), le Liban réactualise à nouveau son modèle exceptionnel et emblématique : c'est non une démocratie ethnique, mais une "démocratie de concordance", pour reprendre le mot de Régis Debray. M. Sleimane est un fin politique, qui n'a justement pas voulu casser la seule institution encore nationale, l'armée. Le Hezb est un parti chiite, donc plus ouvert au débat que le sunnisme ; en ce sens, c'est le facteur de la modernisation de l'islam. D'ailleurs, M. Aoun l'a bien compris, et son alliance avec le Hezb est fondée sur la croyance à la persistance de la laïcité. Le clan Hariri, lié au wahabbisme saoudien extrémiste, n'a donc plus la main grâce à la minorité de blocage obtenue par l'opposition chiito-aounienne.
Conclusion : La possibilité d'un Liban multiconfessionnel est donc sauvegardée.
Je crois qu'aujourd'hui il faut garder les deux raisonnements. Car ils sont également pertinents !
même si le premier fait l'unanimité en Occident..... Mais le géopolitologue doit justement se méfier des unanimités !
Olivier Kempf
Deux compréhensions de la crise sont possibles :
Pessismiste :
Le nouveau président Sleimane est un faible, qui n'a pas voulu engager l'armée libanaise dans Beyrouth face au Hezbollah, et a même servi à jouer les utilités. Le Hezb est le grand vainqueur, puisqu'il conserve ses armes, a conquis un territoire et une capitale, sans compter une position politique qu'il réclamait depuis deux ans. C'est le factotum de l'Iran belliciste et de la Syrie revancharde. La crise a contribué à unir les sunnites en une communauté "ethnico-religieuse", qui va immanquablement soutenir Al-Qaida.
Conclusion : la guerre civile à court terme, l'éclatement ensuite avant un Anschluss syrien.

Optimiste :
Face à toute les constructions nationales qui se fondent sur la seule base ethnique (Israël, Irak, ....), le Liban réactualise à nouveau son modèle exceptionnel et emblématique : c'est non une démocratie ethnique, mais une "démocratie de concordance", pour reprendre le mot de Régis Debray. M. Sleimane est un fin politique, qui n'a justement pas voulu casser la seule institution encore nationale, l'armée. Le Hezb est un parti chiite, donc plus ouvert au débat que le sunnisme ; en ce sens, c'est le facteur de la modernisation de l'islam. D'ailleurs, M. Aoun l'a bien compris, et son alliance avec le Hezb est fondée sur la croyance à la persistance de la laïcité. Le clan Hariri, lié au wahabbisme saoudien extrémiste, n'a donc plus la main grâce à la minorité de blocage obtenue par l'opposition chiito-aounienne.
Conclusion : La possibilité d'un Liban multiconfessionnel est donc sauvegardée.
Je crois qu'aujourd'hui il faut garder les deux raisonnements. Car ils sont également pertinents !
même si le premier fait l'unanimité en Occident..... Mais le géopolitologue doit justement se méfier des unanimités !
Olivier Kempf