Une nouvelle configuration européenne ?
L'affadissement européen actuel (n'en déplaise à ceux qui se satisfont du traité de Lisbonne) ouvre la porte à une nouvelle configuration européenne, qu'on ne fait que discerner.
Et alors que le "traité simplifié" avait été porté par N. sarkozy, qui semblait ainsi recoudre le processus européen, c'est le même N. Sarkozy qui introduirait le ferment de la nouvelle configuration. Comment ?
Par son projet d'Union Méditerranéenne.
En effet, on reproche couramment à la Politique Européenne de Voisinage de ne pas être assez collective (trop bilatérale : Union contre un pays).
L'ambition de l'UM vise en fait à contrer cette carence, dans la zone méditerranéenne, pour créer une dynamique de zone.
Mais l'identification de cette zone sert d'autres intérêts :
- ceux des confins slaves, qui verraient une zone "négrine", réunissant les pays de la mer Noire (Roumanie et Bulgarie, mais aussi Pologne et Hongrie, et de l'autre côté Moldavie, Ukraine, Géorgie et Turquie, voire Arménie et Azerbaidjan) ;
- ceux des confins nordiques où se créerait une zone "baltique", qui est déjà en formation et permet d'intégrer la Norvège aux pays riverains, tout en assurant la projection vers le pôle.
L'Allemagne ne serait dans aucun jeu. Cela favoriserait donc mécaniquement un axe Londres-Berlin, avec des satellites (Bénélux, Portugal, voire Norvège et Danemark) qui pourrait jouer un nouveau check and balance entre le tripode baltique-mer Noire- Méditerranée. Car chaque zone activant sa propre "dynamique", c'est la dynamique d'ensemble qui s'affaiblirait mécaniquement. On a dès lors intérêt à n'appartenir à aucun ensemble, pour pouvoir se greffer alternativement sur l'un ou l'autre : vieux rêve anglais.
Ce serait un simili éclatement de l'UE, selon des modalités pragmatiques qui doivent faire rêver David Cameron.
Car on est très loin du processus d'approfondissement politique, ou même des coopérations renforcées. Celles-ci présupposent un axe franco-allemand. Or, cette logique de dynamiques maritimes respecte la lettre des coopérations renforcées, mais pas l'esprit voulu par ses promoteurs.
J'avais pensé un jour que l'Europe était un triangle d'eau. mais pas dans ce sens là.