L'Amérique délaisse (un peu) l'arc de crise
Plusieurs nouvelles de ces derniers jours montrent que les Etats-Unis commencent à regarder ailleurs. Ailleurs que dans l'arc de crise, qui était devenu leur obsession géopolitique. Cela signifie qu'ils digèrent le traumatisme du 11 septembre, et qu'ils se réveillent au monde.
Du moins, ceux des Américains (et ils sont plus nombreux qu'on ne le croit) qui savent que le "reste du monde " est plus compliqué que l'énoncé ne le suggère.
Donc, bien sûr, l'Amérique ne va pas délaisser le "grand Moyen Orient", ce que je suggérais dans un billet récent.
1/ Tout d'abord, on apprenait que le Pentagone allait recréer la IVème flotte (Figaro du 29 avril). Fondée lors de la WWII, dissoute en 1950, elle redevient d'opportunité non pour des motifs militaires,
mais pour adresser un signal politique à tous les gouvernement de gauche qui se font élire en Amérique du sud.
Southcom reprend de l'ampleur.... Et regarder l'action des commandements régionaux US est toujours instructif.
2/ On peut également signaler un long article de "Jeune Afrique" (édition du 4 mai, p 42) à propos d'AFRICOM, dont on ne sait toujours pas la localisation. Mais l'article apprend des détails à propos de la collaboration franco-américaine sur ce dossier. On devine surtout l'expérimentation en cours, et la volonté de trouver un autre fonctionnement que les gros états-majors type EUCOM. Serait-ce un Commandement de 4ème génération, qui répondrait par sa structure aux guerrres de 4ème génération?
3/ Enfin, vous avez certainement noté la brève du New York Times daté 3 mai, qui annonce que Washington veut envoyer 7 000 hommes supplémentaires en Afghanistan (soit deux brigades). Et que cela accompagnerait une réduction des troupes en Irak : après le "surge de Bagdad", le "surge de Kaboul" ? Une option pile poil good pour le nouveau président, qui qu'il soit....
Cela étant, ce renfort provoque plusieurs commentaires :
- l'envoi "temporaire" de 3200 marines, au début de l'année, risque de se prolonger ;
- les chefs militaires en Afghanistan avaient annoncé un besoin de 10 000 h supplémentaires : il n'y en a eu que 2000 promis à Bucarest (dont 700 Français) ; 2000 + 7000 = 9 000, on est près du compte...
- l'OTAN a donc beaucoup déçu le Pentagone : une fois encore ? décidément, vu d'Arlington, l'Europe n'est pas fiable... Toutefois, ces 7000 hommes viennent confirmer un des quatre engagements de l'OTAN pris à Bucarest dans la stratégie pour l'Afghanistan : celle de rester dans le long terme.
- un des thèmes du débat en cours est celui de la fusion entre les deux opérations en AFghanistan : la FIAS (OTAN) et OEF (Liberté Immuable, la coalition américaine de contre-terrorisme). Cette fusion était très fermement refusée par la France en 2005 (voir mon article "les opérations de l'OTAN" dans Défense Nationale de novembre 2006) ; il ne semble plus possible qu'elle s'y oppose désormais, d'une part à cause de l'extension de la FIAS à tout le pays, d'autre part à cause de ce renfort annoncé ; sans parler des politesses françaises faites actuellement à Washington
- un renfort, c'est aussi l'approfondissement d'une option militaire. Il va falloir surveiller les autres volets (politiques et diplomatiques) de la stratégie pour l'Afghanistan
Mais c'est clair, il n'y a plus uniquement "l'arc de crise", dans les préoccupations américaines.
Du moins, ceux des Américains (et ils sont plus nombreux qu'on ne le croit) qui savent que le "reste du monde " est plus compliqué que l'énoncé ne le suggère.
Donc, bien sûr, l'Amérique ne va pas délaisser le "grand Moyen Orient", ce que je suggérais dans un billet récent.
1/ Tout d'abord, on apprenait que le Pentagone allait recréer la IVème flotte (Figaro du 29 avril). Fondée lors de la WWII, dissoute en 1950, elle redevient d'opportunité non pour des motifs militaires,

Southcom reprend de l'ampleur.... Et regarder l'action des commandements régionaux US est toujours instructif.
2/ On peut également signaler un long article de "Jeune Afrique" (édition du 4 mai, p 42) à propos d'AFRICOM, dont on ne sait toujours pas la localisation. Mais l'article apprend des détails à propos de la collaboration franco-américaine sur ce dossier. On devine surtout l'expérimentation en cours, et la volonté de trouver un autre fonctionnement que les gros états-majors type EUCOM. Serait-ce un Commandement de 4ème génération, qui répondrait par sa structure aux guerrres de 4ème génération?
3/ Enfin, vous avez certainement noté la brève du New York Times daté 3 mai, qui annonce que Washington veut envoyer 7 000 hommes supplémentaires en Afghanistan (soit deux brigades). Et que cela accompagnerait une réduction des troupes en Irak : après le "surge de Bagdad", le "surge de Kaboul" ? Une option pile poil good pour le nouveau président, qui qu'il soit....
Cela étant, ce renfort provoque plusieurs commentaires :
- l'envoi "temporaire" de 3200 marines, au début de l'année, risque de se prolonger ;
- les chefs militaires en Afghanistan avaient annoncé un besoin de 10 000 h supplémentaires : il n'y en a eu que 2000 promis à Bucarest (dont 700 Français) ; 2000 + 7000 = 9 000, on est près du compte...
- l'OTAN a donc beaucoup déçu le Pentagone : une fois encore ? décidément, vu d'Arlington, l'Europe n'est pas fiable... Toutefois, ces 7000 hommes viennent confirmer un des quatre engagements de l'OTAN pris à Bucarest dans la stratégie pour l'Afghanistan : celle de rester dans le long terme.
- un des thèmes du débat en cours est celui de la fusion entre les deux opérations en AFghanistan : la FIAS (OTAN) et OEF (Liberté Immuable, la coalition américaine de contre-terrorisme). Cette fusion était très fermement refusée par la France en 2005 (voir mon article "les opérations de l'OTAN" dans Défense Nationale de novembre 2006) ; il ne semble plus possible qu'elle s'y oppose désormais, d'une part à cause de l'extension de la FIAS à tout le pays, d'autre part à cause de ce renfort annoncé ; sans parler des politesses françaises faites actuellement à Washington
- un renfort, c'est aussi l'approfondissement d'une option militaire. Il va falloir surveiller les autres volets (politiques et diplomatiques) de la stratégie pour l'Afghanistan
Mais c'est clair, il n'y a plus uniquement "l'arc de crise", dans les préoccupations américaines.