Tzipi Livni, Kadima et la schizophrénie d'Israël

Publié le

Je signale un très bon article dans l’Express du 18 septembre, qui trace un portrait intéressant de Tzipi Livni, la nouvelle dirigeante du parti Kadima, et donc, potentiellement, la future Premier ministre.

Le fait qu’elle ait tenu jusqu’à présent le portefeuille de ministre des affaires étrangères ajoute à l’intérêt que lui porte le géopolitologue.

On se référera également à mon petit billet (ici) sans parler du blog sur la stratégie d’Israël (ici). On lira l'extrait de Régis Debray mis dans la colonne de droite. A propos de schizophrénie, on lira ce billet.

 

Je retiens surtout la fin de l’article : « C’est une personnalité schizophrène. Elle n’est plus à droite, mais elle n’est pas pour autant à gauche. Et elle incarne à la perfection le dilemme de la majorité de ses compatriotes, qui savent qu’Israël  doit se retirer des Territoires pour rester Israël, mais qui, par ailleurs, restent incapables de comprendre les lignes rouges des Palestiniens ».

 

J’ajouterai une chose : seul un ancien « radical » peut évoluer et faire la paix, car lui seul à la légitimité de son passé pour autoriser des transactions. C’est tout le sens de Kadima, parti  sharonien qui demeure en place : certes pour la bonne et simple raison qu’il est au pouvoir, ce qui est un puissant adjuvant à la cohésion ; mais aussi parce qu’il est le seul chemin possible pour avancer un peu vers une solution progressive. Politiquement, la solution ne peut venir que de la droite qui passe à gauche. Voici le projet inavoué de Kadima.

 

Et on a beau décrier Olmert, il a mis en œuvre le retrait de Gaza et ouvert le dialogue avec la Syrie. C’est une stratégie du mikado : je règle les problèmes environnants avant d’arriver au cœur du problème, et en espérant que le retrait des aiguilles n’affectera pas l’équilibre du centre (ou plutôt, l'échaffaudage des déséquilibres), qui pourra alors être résolu.

 

Soyons honnêtes : l’observateur est naturellement pessimiste quant à la réussite d’une telle stratégie, d’une part parce qu’elle est très aléatoire, d’autre part parce qu’elle ne paraît pas consciemment portée par les dirigeants israéliens. Mais c’est pourtant la seule voie réaliste. Et cette petite lumière est peut-être le chemin de Damas de Tzipi Livni, celui où le publicain Saül est foudroyé et devient Saint Paul.

 

Olivier Kempf

Publié dans Proche-Orient

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article